déployer sans dévoiler


déployer sans dévoiler, regard sur l’identité à travers le lieu

La chambre à demi se laisse découvrir sous les ressacs saccadés du drapeau flottant dans l’air. À sa surface, l’image des vestiges d’un lieu dé-pigmenté. Le terrain qui l’accueille, vague et vert, est un quadrilatère marqué d’une croix. Cette dernière s’est définie au rythme des passants faisant leur chemin chaque jour sans s’arrêter. Un espace à consommer dirait-on, Marc Augé y verrait probablement les caractéristiques d’un non-lieu.

Une trame blanche est suspendue au tissu urbain. À cet endroit précis, les sphères du privé et du publique s’entrecroisent.

Qu’émerge-t-il de cette rencontre ?

Loin du privé, l’intime s’immisce timidement. Victime d’un paradoxe, un froid s’empare de lui: il se revêt de blanc.
Il ne peut accomplir sa mission dans ces conditions. Jamais, au risque de perdre son statut, celui de préserver ce qu’il y a de plus intérieur. L’extime se prêterait au jeu sans hésiter. Lui qui a une intimité double, une qu’il garde en secret, une autre qu’il manipule et projette, quémandant l’homologation d’autrui. 

Le blanc censure, devient toile des possibles.
À qui appartenait cette chambre ?
Le blanc attend, veut quelque chose qu’il n’aura peut-être jamais.
Que reste-t-il de ceux qui l’ont habité ?
Le blanc compresse l’identité jusqu’à son inertie,
comme ce lieu d’altérité et de passage où nous peinons à l'ancrage.
Pourrions-nous franchir cette chambre comme nous franchissons ce terrain ?

suite de l'article sur le projet - Échelles 2017
2014
impression jet d’encre sur soie, mât d’aluminium, câble, vinyle autocollant
Inkjet printing on silk, aluminium mast, cable, vinyl sticker
drapeau - flag L.60” x H.36”.

© marion paquette, 2014

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