aménager l'aléa


« …l’être abrité sensibilise les limites de son abri. Il vit la maison dans sa réalité et dans sa virtualité, par la pensée et les songes. » - Gaston Bachelard, la poétique de l’espace, 1957

Le projet aménager l’aléa revêt l’aspect d’un sac-espace, lequel étant transporté, déposé en des lieux spécifiques pour permettre l’habitation temporaire. Initialement, cette architecture textile est conceptualisée se basant sur les dimensions du tatami, un tapis traditionnel japonais servant d’unité de mesure à travers l’aménagement d’espaces domestiques. Ainsi, le sac comme habitat nomade met en forme l’idée de confort proposée par la maison sous une forme adaptable et mobile, reflet d'un esprit et d'un corps en mouvement.

Les éléments circulaires perceptibles sur les surfaces de cette forme à facettes sont à la base des objets trouvés ou donnés. Ils ont été modifiés, découpés ou peints dans l’optique de travestir leur apparence, permettant de remettre en question le concept de possession les reliant à leur propriétaire initial.

On peut ainsi saisir les traits angulaires d’un parapluie cassé, la texture d’un drapeau de bâche échoué, les plis d’un éventail jetable, le relief des chiffres d’une adresse de maison, les images plastiques de sacs d’engrais déchirés, ou encore la forme simple d’une efface n’ayant jamais été utilisée, etc. Tous sont des éléments qui ont participé à raconter le paysage d'une campagne japonaise au sein de laquelle se déroulait cette résidence.

Au cours du processus de déambulation, plusieurs lieux ont été déterminants pour ce projet en regard de l’ambiguïté de leur statut. Ainsi, la place de stationnement, le terrain abandonné ou le coin d'une rue se sont révélés comme des espaces d’entre-deux offrant la possibilité d’ancrages transitoires tout en détournant le concept de propriété étant inhérent au territoire.
2017
tissu, sangle, fermetures éclair, ficelle, acier, vinyle transparent, objets trouvés
H.88” x L.88”x P. 88"


Ce projet a été réalisé dans le cadre d’une résidence au Studio Kura, à Itoshima, au Japon en juillet 2017.

© marion paquette, 2017




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